Cahier numéro 10 - page 46-47

représenterait déjà 5 % du PIB au Royaume-Uni. Aujourd’hui la situa-
tion est complexe, aux enjeux nombreux et inter-reliés (changement
climatique, ressources énergétiques, toxicité, etc.). Certes, les solutions
techniques aux problèmes environnementaux existent souvent déjà,
mais elles sont rarement standardisées ou standardisables. L’innovation
sociétale nécessite unmode d’interaction et de décision participatif, que
ce soit, par exemple, pour définir avec les futurs habitants les modalités
d’un projet d’éco-construction ou encore pour repenser les usages des
transports et implanter des transports doux adaptés.
3. Moins de salariés, plus de « slasheurs »
En parallèle de l’essor du collaboratif, le salariat a perdu du terrain : de
plus en plus de salariés quittent leurs postes pour développer des acti-
vités entrepreneuriales, pour devenir des « slasheurs » aux activités
et aux revenus multiples. Certains « slasheurs » n’ont même jamais
été salariés. La crise économique joue également son rôle et de petits
revenus annexes ne sont plus négligeables pour beaucoup.
Dans ce triple contexte de remise en cause des modes de gouvernance,
du développement du collaboratif et de crise économique, le co-investis-
sement devient un mode de gouvernance et de financement qui prend
du sens. L’idée est d’impliquer financièrement les riverains et les acteurs
locaux d’un projet de quelques pourcents en co-investissement jusqu’au
système coopératif. Souvent, le co-investissement ne change pas la
donne pour les investisseurs principaux, tout en facilitant l’adhésion
des riverains.
Portés par des collectivités locales ou des acteurs locaux, entreprises
privées ou particuliers, les projets de territoire se multiplient. Par
exemple, sur l’énergie, ce développement est poussé par la volonté des
collectivités locales de reprendre en main les questions énergétiques
afin d’en maximiser la création de valeur localement et de lutter contre
la précarité énergétique, ainsi que par le déploiement à grande échelle
des énergies locales décentralisées soutenues par des mécanismes
incitatifs.
Le financement se révèle une forte contrainte pour tous ces projets
notamment en période de crise et de réduction des déficits publics. Mais
au-delà, il peut aussi être pensé comme un levier structurant de l’inté-
gration sur le territoire des projets, maximisant les retours financiers de
la valeur créée et facilitant en parallèle l’acceptation locale des projets.
Certaines formes de financement territorialisées sont notamment en
mesure de renforcer l’acceptation sociétale en alignant les intérêts des
porteurs de projet et des riverains, les premiers touchés par les impacts
directs d’un projet.
Avantages du co-financement participatif pour le porteur de projet :
- trouver une nouvelle ressource financière sur le principe gagnant-
gagnant ;
- éviter leNIMBY (
Not InMy Back Yard
), restaurer la confiance des acteurs
locaux en leur proposant une participation financière au projet, réduire
les risques de recours, rendre les projets non seulement acceptables
mais « désirables » ;
- démultiplier les opportunités de rencontres entre citoyens et porteurs
de projets, entre épargnants et créditeurs ;
- pour les agriculteurs : se mettre à l’écoute des consommateurs pour
définir avec eux à la fois les produits et les services à proposer, tout en
sécurisant son revenu.
Avantages du co-financement participatif pour l’épargnant :
- placer son argent dans « l’économie réelle », dans des investissements
plus transparents ;
- être acteur du développement économique de son territoire (BIMBY :
Build In My BackYard
), sur des projets qui ont du sens pour lui ;
- renouer avec des acteurs du monde rural (agriculture et modes de
production) ;
- bénéficier directement de la richesse générée sur le territoire, en com-
pensation des externalités générées ou non par le projet.
De nombreuses initiatives existent, notamment dans les énergies
renouvelables et le monde agricole
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.
Danemark
(3 927 MW installés) : avant 1996, tous les parcs éoliens
danois étaient détenus par des particuliers sous des formes coopéra-
tives. Forte de cette tradition, la loi impose aujourd’hui que 20 % des
parcs éoliens danois offrent une participation locale. Le célèbre parc
éolien de Middelgrunden au large du port de Copenhague est détenu
par 8 500 personnes.
Allemagne
(29 075 MW installés): on retrouve le même schéma en Alle-
magne, où dans les années 1990 les investissements dans ce domaine
étaient portés par des agriculteurs et des particuliers à l’initiative de petits
projets. Depuis dix ans, ce secteur s’est considérablement développé et
professionnaliséetdesfondsdeplacementouvertsaupublicontétécréés.
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(17) Capacités installées : sourcewww.thewindpower.net
1...,26-27,28-29,30-31,32-33,34-35,36-37,38-39,40-41,42-43,44-45 48-49,50-51,52-53,54-55,56-57,58-59,60-61,62-63,64
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