En quelques mots
Le projet des Entretiens Albert-Kahn est né de la volonté de Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, de favoriser une réflexion transversale sur les grandes questions de société, en particulier celles liées à la mondialisation.
Les Entretiens Albert-Kahn proposent :
- les Entretiens Albert-Kahn, rencontres entre les élus, les agents et les partenaires du Département pour réfléchir de manière décloisonnée et transversale à des sujets de prospective socio-économique et politique; ces conférences sont podcastées et font l'objet de publications ;
- les Entretiens Albert-Kahn "internes", rencontres destinées aux élus et aux agents du Département pour approfondir des sujets d’innovation managériale ;
- les Entretiens Albert-Kahn "hors les murs" en partenariat avec des associations ou des institutions en dehors de la Maison Albert-Kahn pour toucher un public plus varié ;
- les expérimentations en matière d'innovation sociétale (tiers lieux, économie collaborative, renouveau du travail social, agriculture urbaine, évolutions des modes de vie, etc.) qui sont conduites en amont des politiques publiques du Département et lui permettent d'anticiper et de s'adapter aux évolutions de la société.
Retour sur la rencontre du 28 mars : Où va la démocratie ? Trois voix pour innover
- Détails
- Publication : 2 avril 2019
Le 28 mars dernier, se sont déroulés les 38e Entretiens Albert-Kahn avec de prestigieux invités qui ont porté haut le débat, animé par Carine Dartiguepeyrou, secrétaire générale des EAK : Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, Jo Spiegel, maire engagé qui expérimente des formes locales de démocratie participative, et Dominique Reynié, professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.
Montée des extrêmes et croissance de l’abstention aux élections : notre modèle démocratique traverse une crise majeure. « Le système français hyper centralisé, le Parlement réduit à une chambre d’enregistrement, les partis politiques transformés en machines électorales de court terme nourrissent bien sûr cette crise, observe Patrick Devedjian. Mais je tempère mon jugement en voyant que l’Italie, avec son organisation décentralisée, connaît aussi une montée des populismes. Et le système anglais est en pleine déliquescence. »
Le premier intervenant, Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, auteur d’une œuvre qui retrace l’histoire intellectuelle de la démocratie en France dans la collection La République des idées – nom éponyme de son think tank - aux éditions du Seuil, apporte son éclairage.
Il met en lumière la transformation d’un « capitalisme d’organisation » en un « capitalisme d’innovation » et le glissement d’une société de classes vers une société d’individus.
Joe Spiegel, le deuxième invité, apporte son expérience locale d’innovations démocratiques. Maire de Kingersheim, élu et ré-élu depuis 1989, co-fondateur du mouvement Place publique, il a mis en place un « nouvel alphabet démocratique » avec l’objectif de co-produire la décision politique avec ses concitoyens.
Il a créé en 2006 une maison des citoyens et des conseils participatifs – un conseil par projet -, réunissant des élus (majorité et opposition), des associations, des citoyens volontaires et des citoyens tirés au sort, et enfin, des experts internes et externes. En 2015, il a proposé une charte du renouveau démocratique.
Dernier invité, Dominique Reynié, professeur des universités à Science Po, met en avant les défis de la représentation avec l’introduction de la parité ou la question de la diversité. « La seule technique qui permet de faire exploser ces problématiques, c’est le tirage au sort, note-t-il. Il met en lien la fragilisation des possibilités démocratiques avec le déclin démographique européen amorcé en 2015 : le développement de sociétés multiculturelles rendant le processus démocratique plus difficile, car le consensus n’est plus « automatique » sur certaines notions comme l’État providence.
Bibliographie :
- Pierre Rosanvallon :
La contre-démocratie : la politique à l’âge de la défiance (Seuil, 2006) ; La Société des égaux (Points, 2011) ; Le Parlement des invisibles (Seuil, 2014) ; Le bon gouvernement (Seuil, 2015). Cf. le site laviedesidées.fr - Joe Spiegel :
Faire (re)naître la démocratie (co-écrit avec Pierre Olivier Archer, Jean Laversanne, Guillermo Martin, Patrick Plantier, Chronique sociale, 2013) ; Et si on prenait - enfin ! - les électeurs au sérieux (Temps Présent, 2017). - Dominique Reynié :
Le triomphe de l’opinion publique (Odile Jacob, 1998), Populismes : la pente fatale (Plon, 2011) : Prix 2012 du livre politique et Prix des députés, avec une édition revue et augmentée Les nouveaux populismes publiée chez Fayard (collection Pluriel, 2013), Où va la démocratie ? (Plon, 2017).