Aller au menu | Aller au contenu

En quelques mots

Le projet des Entretiens Albert-Kahn est né de la volonté de Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, de favoriser une réflexion transversale sur les grandes questions de société, en particulier celles liées à la mondialisation.

Les Entretiens Albert-Kahn proposent :

  • les Entretiens Albert-Kahn, rencontres entre les élus, les agents et les partenaires du Département pour réfléchir de manière décloisonnée et transversale à des sujets de prospective socio-économique et politique; ces conférences sont podcastées et font l'objet de publications ;
  • les Entretiens Albert-Kahn "internes", rencontres destinées aux élus et aux agents du Département pour approfondir des sujets d’innovation managériale ;
  • les Entretiens Albert-Kahn "hors les murs" en partenariat avec des associations ou des institutions en dehors de la Maison Albert-Kahn pour toucher un public plus varié ;
  • les expérimentations en matière d'innovation sociétale (tiers lieux, économie collaborative, renouveau du travail social, agriculture urbaine, évolutions des modes de vie, etc.) qui sont conduites en amont des politiques publiques du Département et lui permettent d'anticiper et de s'adapter aux évolutions de la société.

Le 10 octobre, était organisé sur ce thème un Entretien Albert-Kahn hors les murs dans le cadre du festival Atmosphères à Courbevoie*, au pôle Léonard-de-Vinci. Le point avec ceux qui agissent, du Département à l’Agence régionale de la biodiversité, en passant par Colocaterre ou les étudiants.

Quels outils pour agir ?

Antoine Lombard, chef de projet Trame verte et bleue / Continuités écologique et Nature en ville au ministère de la Transition écologique et solidaire.
Plusieurs outils sont à disposition pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité : au niveau international, a été créée la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES), avec un groupe international d'experts qui assistent les gouvernements. Au niveau européen, il y a les directives « Habitat, faune, flore » (92/43/CEE, 1992) et « Oiseaux » (2009/147/CE, 2009).
Au niveau national, se distinguent l’Agence française pour la biodiversité et deux lois marquantes : la Loi de la protection de la nature (1976) et la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages (2016), complétée en 2018 par le plan Biodiversité. Trois objectifs sont notamment poursuivis : lutter contre l’artificialisation des sols, diminuer les pollutions plastiques, créer des aires protégées. Au niveau local enfin, les collectivités territoriales, les citoyens et les associations comme LPO (Ligue de protection pour les oiseaux) jouent également un rôle important.

Quels constats et quelles solutions en Île-de-France ?

Gilles Lecuir, chargé d’études pour l’ARB (Agence régionale de la biodiversité) Île-de-France
La biodiversité s’effondre, en particulier les populations d’oiseaux (- 41 % en quatorze ans en ville) et d’insectes. Les causes identifiées sont l’artificialisation des sols (pression immobilière), l’intensification de l’agriculture (raréfaction des prairies) et la simplification du paysage rural liée à la mécanisation croissante (suppression des haies). Quelques chiffres en témoignent : 16 % du territoire francilien est minéral et 21 % urbain. On consomme en Île-de-France la surface de Paris tous les onze ans pour satisfaire, entre autres, les besoins croissants de logements.
Une bonne nouvelle : la Loi Labbé (2017) en interdisant les pesticides dans les lieux publics (parcs, cimetières, voirie, etc.) a produit – en deux ans seulement - une forte augmentation de la flore dans les interstices urbains : + 92 % en Île-de-France.
Autre solution pour sauver la biodiversité : la restauration du cycle de l’eau avec notamment la réouverture de rivières enterrées et la création de mares, indispensables pour maintenir les populations d’invertébrés et lutter contre les inondations. Enfin, pour rafraîchir la ville et permettre à la faune d’exister en ville, il faut également végétaliser les murs, créer des fosses de trottoirs pour les plantations, laisser des espaces sauvages non gérés et planter beaucoup d’arbres.

Quels projets et actions ?

Anne Gaillard, paysagiste au CAUE 94 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’Environnement du Val-de-Marne)
Les CAUE d’Île-de-France ont été lauréats en 2017 de Arpenter-Expérimenter et Diffuser, un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) sur le thème "Trame verte et bleue : de la planification régionale à la construction d'une stratégie territoriale". Le projet lauréat propose de considérer la biodiversité comme un bien commun, rendant de précieux services écosystémiques. Ce postulat implique un modèle de développement à inventer collectivement en intégrant tous les paradigmes sans les opposer : conjuguer par exemple les besoins de logements et de terres agricoles, d’infrastructures et d’espaces de nature.
Le “bien commun” est ainsi défini : c’est une ressource, une communauté, et les règles que se donne cette communauté pour gérer cette ressource. Chaque arpentage fait l’objet d'un Carnet rédigé par les CAUE. Perrine Michon, maître de conférence en géographie/urbanisme, auteur de l'ouvrage La biodiversité : un bien commun (2018) a réalisé une vidéo sur ce sujet (vimeo.com/255901558).
L’objectif est de sortir des organisations en silo pour aménager autrement le territoire. Il faut apprendre à articuler toutes les échelles, décloisonner les approches et considérer les confrontations comme une source de partage des connaissances. Des parcours à l’échelle régionale, vulnérables mais à fort potentiel, ont ainsi été identifiés pour être valorisés.
Cette année, le travail se poursuit sur les valeurs sur le thème : comment les valeurs peuvent-elles renforcer la coopération entre les parties prenantes ?

Clémentine Léonie, auteure et illustratrice du site Colocaterre : colocaterre.fr, destiné à sensibiliser les enfants (et leurs parents) à la biodiversité.
L’objectif est de donner des informations sur la biodiversité en ville, de l’illustrer pour la rendre visible et créer les conditions d’une cohabitation harmonieuse. Tout juste sortie de l’école de Condé (arts graphiques et design), Clémentine Léonie allie ses talents pour le dessin et sa passion pour la nature. Elle habite Courbevoie et a été engagée par la ville pour mener des actions de sensibilisation auprès des jeunes.
Son approche est très concrète avec des “tutos” en ligne pour fabriquer une cabane à hérissons ou un nichoir à chouette effraie. Elle explique avec des visuels ludiques le rôle des animaux en ville (renards, chauve-souris, chouettes, hérissons), leurs habitudes et comment vivre ensemble sans se nuire : bannir les pesticides, préserver les haies, ménager des petits passages dans les clôture, multiplier les plantations. Quatre hérissons sur mille seulement atteignent 10 ans, leur espérance de vie “normale”.

Lucie Chhieng, présidente de DeVinci Durable, une association étudiante résidant au pôle Léonard-de-Vinci à La Défense.
DeVinci Durable vise à sensibiliser les étudiants et les professeurs aux enjeux du développement durable et de l’environnement. L’association propose de l’information via des vidéos humoristiques, mais aussi des projets d’innovation, des rassemblements et une semaine de sensibilisation. Parmi les projets en cours, la venue d’une AMAP – association pour le maintien d’une agriculture paysanne – avec la livraison de paniers de légumes bio et locaux au pôle universitaire, est au programme pour permettre aux étudiants de manger mieux et moins cher.

Laurence de Schuytter, journaliste au Département des Hauts-de-Seine