Cahier numéro 12 - page 12

D’autre part, on observe une prise de conscience chez certains tiers-
lieux du rôle qu’ils ont à jouer dans la transformation des entreprises :
Numa propose des ateliers à destination de cadres de grands groupes
tels qu’Airbus, Mutinerie Coworking, ICI Montreuil et Simplon.co unissent
leurs efforts pour proposer des prestations de conseil auprès de porteurs
de projets de tiers-lieux, d’animation de communautés, etc.
• Intégration du tiers-lieu à l’entreprise
L’intensification de la concurrence et l’exigence croissante des attentes
du client se traduit par le besoin de gagner en créativité et en flexibilité
tout au long de la chaîne de valeur. Dans beaucoup de secteurs, les
départements marketing ont su s’adapter en exploitant le numé-
rique comme un facteur de rapprochement et de collaboration avec
la clientèle. Mais qu’en est-il de la collaboration en interne et avec les
principales parties prenantes de l’entreprise ? Les entreprises les plus
pionnières sont généralement celles du secteur de l’information et de la
communication… mais pas uniquement. En France, l’entreprise Essilor a
fait évoluer son organisation pour parvenir à une chaîne de valeur tota-
lement intégrée et ouverte, depuis la R&D, qui repose sur un processus
d’innovation ouverte grâce à l’intégration d’incubateurs et la mise en
place de partenariats avec des startups, jusqu’à l’utilisateur final (dont
elle était jusqu’alors déconnectée) grâce à un rapprochement avec ses
clients, des laboratoires indépendants. À Paris, l’agence de communica-
tion Spintank a récemment ouvert un espace de
coworking
interne de
1000m² dans le but d’accueillir des travailleurs créatifs de tous horizons
et d’enrichir son écosystème. Google, Zappos ont aux États-Unis aussi
adopté ce modèle de « corpoworking » qui se traduit évidemment par
une approche collaborative de l’organisation du travail à l’échelle de
toute l’entreprise.
Les trois approches présentées ci-dessus sont de fait complémentaires.
La combinaison de ces usages laisse entrevoir à quoi pourrait ressembler
l’entreprise de demain, une fois accomplie sa transformation numérique.
Ce sont à nos yeux les principaux leviers endogènes du changement des
organisations, vers une structuration en réseaux permettant de gagner
en agilité dans un environnement évolutif.
Qu’en est-il du rôle des pouvoirs publics dans l’accompagnement de
cette transition ? Quel alignement des intérêts entre la réflexion sur
la ville de demain (gestion des mobilités, développement économique
durable, constitution de réseaux, etc.) et la transformation numérique
de l’entreprise ?
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complexe et la valeur ajoutée du travail des entreprises se déplacent
à leur périphérie, là où elles sont en contact avec l’extérieur, avec les
autres. Cette observation du Canadien Harold Jarche
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met en évidence
les adaptations que doivent réaliser les organisations pour être plus
réactives, capables de résister à un environnement flou, chaotique.
Cette adaptation, c’est le passage au travail en réseau. En réseau à l’inté-
rieur de l’organisation (management transversal, travail collaboratif,
télétravail) et en réseau avec ses partenaires et avec ses clients. Une
démarche qui favorise également l’innovation ouverte, un processus de
créativité fondé sur le partage et la coopération entre entreprises. La
fréquentation des tiers-lieux est donc un moyen de favoriser l’appro-
priation de ce changement par ses salariés.
La deuxième piste de transformation est l’amélioration de la qualité de
vie au travail. Beaucoup de salariés vivent de plus en plus mal les dépla-
cements pendulaires quotidiens domicile-travail. Une perte de temps et
d’argent, de la pollution et de la fatigue que l’on pourrait éviter puisque
l’on sait faire autrement. Ce métro-boulot-dodo est malheureusement
encore le quotidien de millions de salariés. Il est aussi la cause des
engorgements dans les transports individuels et collectifs, devenus de
vrais casse-tête pour les aménageurs publics.
Or, la combinaison de lamise en place du télétravail et du développement
de tiers-lieux proches du domicile des salariés offre une alternative de
« démobilité »
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éprouvée et efficace à ces problèmes.
• Partenariat avec un tiers-lieu
L’apport mutuel de ressources ou de prestations entre tiers-lieu et entre-
prises est une autre pratique émergente qu’on observe notamment chez
des acteurs dont la légitimité sur le marché des tiers-lieux est désormais
bien établie : Numa, Mutinerie Coworking ou encore La Cordée.
D’un côté, des tiers-lieux comme Numa sont notamment financés par de
grandes entreprises privées du numérique, et des initiatives innovantes
telles que celle de l’école de développeurs web du télécentre de Boitron
sont rendues possibles par des contributions budgétaires d’entreprises
locales.
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(16) Voir le blog (en français) d’Harold Jarche
(17) « La démobilité : travailler, vivre autrement », par Julien Damon, Fodapol, juin
2013. Télécharger la note
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