Il est temps demieux comprendre comment cette dynamique répond de
manière singulière aux défis qui nous attendent et demettre en lumière
certains codes propres à cette technologie sociale.
Les réponses au questionnaire ont permis d’aboutir à la conception du
Manifeste des tiers-lieux dont l’objectif est de répondre aux besoins
de visibilité, lisibilité et appropriation collective sur le thème des tiers-
lieux
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par les territoires et leurs habitants avec la culture de l’
open
source
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au cœur de la démarche.
Les 10 points du Manifeste
« Le tiers-lieu est un bien commun révélé, délimité,
entretenu par et avec un collectif. »
Collectif
mots clés
: #Gens #Communautés #Cultures #IntelligenceCollective
#BiensCommuns
Le tiers-lieu est une démarche collective. Bien que généralement institué
par un groupe d’individus restreint et identifiable, le tiers-lieu ne peut
se déployer s’il n’est pas porté par un collectif élargi qui participe, met de
l’énergie et le fait vivre au quotidien. Ainsi le tiers-lieu va répondre à
ses critères, à ses intérêts, à ses attentes, à ses talents. Ce collectif est
généralement composé d’individus qualifiés qui ne parviennent pas à
s’exprimer pleinement dans une structure organisationnelle classique.
Le tiers-lieu constitue un cadre d’action pour reconfigurer un système
de valeurs qui ne leur semble plus fonctionnel. Des individus se réu-
nissent autour d’une problématique. Ils se l’approprient, recherchent et
produisent des solutions. Tout un chacun peut intégrer ce collectif car il
n’y a pas de barrière à l’entrée mais une conscience collective qui incite
à une démarche commune.
Le tiers-lieu va ainsi évoluer en fonction des différentes oscillations du
collectif comme un ensemble organique et intelligent. Si des divergences
peuvent apparaître entre les individualités, les désaccords ne sont pas
résolus par un consensus imposé. Dans un tiers-lieu, le collectif évolue
dans une dialectique entre collaboration et démarche individuelle. Les
En juin 2013, la communauté francophone des Tiers-Lieux
Open
Source
a lancé un appel à contribution pour créer collectivement le
premier document de référence sur les tiers-lieux. Sur une plateforme
en ligne dédiée, un vaste ensemble de questions ouvertes a invité
les acteurs des tiers-lieux francophones (créateurs, développeurs,
usagers, financeurs, etc.) à se pencher sur leur démarche. À mettre en
commun les savoirs liés à cette dynamique. Ce questionnaire est parti
du constat d’une très grande hétérogénéité des acteurs et de leurs
zones géographiques. Les acteurs mettent en œuvre des pratiques
indépendamment de leurs catégories socioprofessionnelles, de leurs
modes de vie, etc.
À l’initiative du Manifeste des tiers-lieux, il y a l’engagement quotidien
d’une multitude d’individus qui de la conception jusqu’à la mise en
œuvre et au déploiement, avancent à l’aveugle et assument les risques
que cela suppose. Et ils sont nombreux. Car dans ses réflexions, ses
processus, ses histoires et dans l’épreuve de ses limites le tiers-lieu
est avant tout un projet politique. Il est ici question de conscience
stratégique. L’amélioration des conditions de vie des citoyens et le
dépassement de crises économiques et écologiques majeures ne pro-
cède pas uniquement de la mise en place d’un artefact de plus dans la
course à l’innovation. Au-delà des modes, des actions dispersées et des
controverses techniques et terminologiques, l’enjeu du tiers-lieu est
de reconsidérer la manière dont se pense la création de valeurs. Com-
ment ces valeurs se créent et ce qu’elles apportent en terme d'intérêt
général.
L’important n’est pas uniquement de savoir s’il y a émergence mais si
ce qui émerge est bon pour nous
. En faisant cohabiter localement des
mondes différents et parfois contradictoires, le tiers-lieu enclenche un
processus de rééquilibrage sur le territoire (territoire institué ou terri-
toire projet). Il provoque un dialogue et des frictions, là où l’expertise clôt
la discussion. Il invite à prendre possession, à faire évoluer, à explorer et
à appliquer des solutions sur des problématiques jusqu’alors balisées.
Qu’il soit question de gestion, de création, de production, de culture, de
consommation, d’éducation, de famille, d’objets et de choses, il suggère
une démarche de réappropriation de certains mécanismes sociaux.
La démocratisation des technologies numériques a banalisé ce genre
d’intervention. Elles trouvent dans les tiers-lieux un prolongement
tangible. Ils en ont le même potentiel transformationnel, créatif, voire
transgressif. C’est pour cette raison que le tiers-lieu est
tiers
. Non pas
à cause d’une position d’entre-deux, mais parce qu’il ouvre sur de nou-
veaux champs.
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