Cahier numéro 3 - page 26-27

présenter une idée ou échanger sur un sujet, écrit sa proposition sur
une grande feuille de papier où est tracé un tableau matriciel avec des
créneaux horaires d’une heure et les salles disponibles. Le
barcamp
est
une conférence sans programme préalable, dans laquelle chaque parti-
cipant est invité à ne pas être seulement spectateur mais aussi un
acteur proposant un sujet de discussion, d’échanges ou de travail aux
autres. La journée de
barcamp
peut en effet se conclure par une seconde
journée de
mashpit
qui est un processus de construction collaborative
d’une application web : les participants choisissent quelques idées
d’applications et les développent dans un travail en groupe. Au cours
de la session, les participants prennent des photos ou enregistrent des
vidéos qui seront postées sur Flickr, Youtube ou Dailymotion. Après le
barcamp
, les participants écrivent des comptes rendus sur le wiki ou
renvoient à leurs blogs ce qui assure la visibilité du
barcamp
.
Un tel concept de « non-conférence » organisée par les participants
eux-mêmes n’est pas né avec les
barcamps
, mais il est contemporain
d’autres tentatives d’organiser des rassemblements et des réunions
les plus « ouverts » possibles. Notons par exemple les forums sociaux
qui ont pu regrouper jusqu’à 150 000 militants cherchant des alterna-
tives à la mondialisation libérale ou les rassemblements artistiques de
dizaines de milliers de participants, les
Burning Man
, organisés dans le
désert du Nevada, et fréquentés par la communauté des
barcamps
de
San Francisco.
Le développement de ces événements collectifs de grande ampleur qui
se caractérisent par l’auto-organisation et l’injonction faite à tous les
participants d’êtreproposants, témoigned’unevolontéd’«horizontaliser »
les structures afin de rendre plus faciles et ouvertes les relations entre
les acteurs. Dans les
barcamps
, aussi bien que dans les forums sociaux
ou le
Burning Man
, l’organisateur invitant n’intervient que comme
offreur d’espace et d’outils techniques, mais ne peut ni sélectionner
les participants, ni imposer un quelconque programme. Les
barcamps
,
comme les forums sociaux ou les
Burning Man
, sont des machines à
générer des contacts. En se rendant à ces rencontres, les participants
ne savent pas ce qu’ils vont découvrir, mais ils savent qu’ils vont avoir
une chance de présenter leurs idées et leurs projets, d’apprendre des
autres, de faire de nouvelles rencontres et de retrouver d’anciens
contacts. De sorte que la coopération entre acteurs ne procède pas d’un
plan stratégique ou d’un calcul préalable, elle prend d’abord forme des
opportunités multiples qui se concentrent et se rendent visibles aux
autres dans l’espace du
barcamp
.
Les
coworking places
constituent un autre mouvement émergeant des
mêmes milieux que les barcamps. Si les
barcamps
sont des espaces
temporaires, le
coworking
est une tentative de mettre en place des
lieux permanents pour des objectifs similaires. Le blog de la communauté
Coworking en donne une simple définition : «
Coworking est un mou-
vement visant à créer des espaces de collaboration de type cafés pour
développeurs écrivains et travailleurs indépendants
». Les animateurs
de cette communauté parlent aussi de « troisième lieu » en faisant
référence à la culture des Cafés de Vienne et d’Europe centrale oumême
de Saint-Germain-des-Prés où les intellectuels et les écrivains étaient
supposés passer leur journée entière à travailler, tout en échangeant
avec leurs pairs. Le « troisième lieu » n’est ni le bureau situé au sein
de l’entreprise, ni le domicile de la personne : c’est un endroit où l’on
peut aller quand on le souhaite, avec la quasi-certitude d’y trouver du
monde et d’avoir une chance d’y établir des échanges fructueux. Ces
espaces ouverts, souvent soutenus par les collectivités locales et des
entreprises, grandes ou petites, du secteur des nouvelles technologies,
se développent aujourd’hui dans les villes les plus dynamiques dans le
monde du web 2.0. Aux États-Unis les expériences se multiplient et à
Paris, « La Cantine » ouverte en janvier 2008 sous la houlette de l’asso-
ciation Silicon Sentier fédère de nombreuses start-ups du domaine. Le
nom choisi « La Cantine » renvoie au besoin de se doter d’un lieu favo-
risant des échanges informels à l’image de ce que permet le réfectoire
ou la machine à café dans les grandes entreprises.
Comme les
barcamps
, les
coworking places
sont destinés à faciliter les
rencontres occasionnelles entre innovateurs ; c’est un outil supplémen-
taire permettant de créer des coopérations faibles indispensables à la
réalisation de services et d’applications du web 2.0. Les individus
se rencontrent et coopèrent avec les mêmes caractéristiques que
celles qui s’observent entre utilisateurs de services web 2.0. En effet,
une des caractéristiques des usages de l’Internet relationnel est que
les utilisateurs créent entre eux des liens sans plan d’action préétabli
et ne découvrent que chemin faisant des raisons et des objectifs pour
coopérer.
Les
barcamps
et
coworking places
ne sont que deux des dispositifs
mis en place dans le monde du web 2.0 pour favoriser des dynamiques
coopératives entre les acteurs de l’innovation. Ils ne permettent pas de
résumer l’ensemble des dynamiques à l’œuvre dans ce mouvement ;
de nombreux autres cadres favorisant les rencontres informelles
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