Cahier numéro 6 - page 28-29

publics et privés ont souvent prévu une programmation jeune public
et ont organisé l’accueil des établissements scolaires en conséquence.
Et enfin, de nombreux acteurs associatifs socioculturels et d’éducation
populaire apportent aussi une diversité de propositions.
Néanmoins, on constate aussi qu’il n’y a pas ou peu d’articulation et de
continuité
entre les offres, les politiques publiques et territoriales, entre
les acteurs au sens large. Il n’y a pas ou peu de concertation entre les
différents acteurs. Chacun y va de son catalogue sans réussir à travailler
en complémentarité. On pourrait imaginer qu’un établissement culturel
développe une offre liée aux programmes scolaires ou aux différents
projets pédagogiques de son territoire. La continuité de l’accès à l’art et
à la pratique artistique n’est pas non plus garantie sur l’ensemble des
parcours d’enseignement, de la maternelle au baccalauréat et même
au-delà. De fait, au global les résultats restent en deçà des objectifs
puisque
seuls10à20%des jeunesbénéficient d’uneéducationartistique
.
Les inégalités sont aussi territoriales
. Les zones rurales et certains
quartiers défavorisés sont les plus touchés. L’isolement, le déficit
d’équipements culturels, la problématique de mobilité et de formation,
les budgets alloués sont des facteurs clivants. De nombreuses études
pointent aussi du doigt l’insuffisance de l’accompagnement et de la
formation des enseignants et des animateurs sur ce volet.
Pour répondre au mieux à ces enjeux, l’association Môm’artre, depuis
treize ans, a choisi de se positionner sur les temps « hors école »
en développant un service qui associe mode de garde complet et épa-
nouissement de l’enfant à travers la pratique artistique
. Une proposition
basée uniquement sur des ateliers artistiques n’aurait pas suffi à
toucher les enfants et les familles les plus vulnérables et ainsi à réunir
différents milieux sociaux. En mettant en place un service complet, de
la sortie de l’école jusqu’à 20 heures, comprenant le goûter, les devoirs
et l’artistique, nous avons pu répondre aux diverses préoccupations des
parents souvent corrélées à leurs situations et milieux sociaux (besoins
d’aide sur le soutien scolaire, besoins degardeàhoraires décalés, attentes
sur l’ouverture culturelle). Par ailleurs, le choix d’implanter nos actions à
proximité des lieux d’habitation des familles et au croisement de deux ou
trois quartiers aux typologies différentes a permis lamixité sociale.
En recrutant des artistes professionnels plutôt que des animateurs,
nous établissons un rapport différent enfants/adultes
. L’artiste est
porteur de projets personnels et d’un imaginaire singulier. Il est animé
d’une liberté créatrice. Contrairement au professeur des écoles, il n’est
pas un pédagogue. Il va ainsi permettre de faire surgir la parole des
enfants, individuellement et collectivement, et de leur donner la liberté
d’inventer sans obligation de produire. Il apporte des outils de création,
d’analyse. L’artiste amène les jeunes à une expérience d’une autre na-
ture qu’ils ne pourraient vivre dans leur milieu scolaire ou familial. C’est
une démarche singulière. Par ailleurs, la diversité de ces intervenants,
musiciens, comédiens, danseurs, plasticiens, photographes, constitue
une chance pour les enfants. Pour autant, nous n’avons pas laissé ces
artistes sans accompagnement et formation en parallèle. Un minimum
de bases pédagogiques et de connaissances en médiation culturelle
est nécessaire pour amener les enfants à mener à bien leurs projets et
exprimer au mieux leurs idées, leurs imaginaires.
L’art et la culture, d’un côté, et un projet
pédagogique fort, de l’autre, où l’enfant est
au cœur et acteur
Nous rejoignons les grandes lignes de l’éducation populaire en plaçant la
pratique et l’action concrète au cœur du processus. L’enfant est acteur.
Nous concevons la pratique artistique comme un moyen d’agir sur le
savoir-être plutôt que sur le savoir-faire. Comment imaginer prendre
place dans la société quand on n’a pas confiance en soi, quand on
manque d’autonomie, quand on est démuni dans son rapport à l’autre ?
Maîtriser une technique ou acquérir des savoirs prend toute sa dimension
quand on sait les transmettre, les placer dans un rapport plus global.
Être citoyen, c’est aussi pouvoir comprendre, réagir, critiquer, s’exprimer.
Toutes ces aptitudes émotionnelles, humaines, empathiques sont
essentielles pour le développement de l’être humain. C’est dès le plus
jeune âge qu’il faut s’en préoccuper. Ce seront des clés essentielles pour
aborder sa vie d’adulte et prendre place dans la société.
Associer les parents et les amener à s’intéresser,
à participer
Les parents font aussi partie du processus. Leur contribution est
indispensable pour l’enfant et notre projet en général. Ils ont aussi des
besoins et doivent être pris en compte et écoutés. En leur réservant un
accueil personnalisé chaque soir, en leur proposant des temps d’expo-
sition des œuvres de leurs enfants, nous les mettons en situation de
prendre leur rôle et d’accompagner leurs enfants.
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