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Quelques pistes pour une valorisation et une
expansion des métiers de la solidarité
Il semble évident aux yeux de tous que la santé du corps est affaire
d’experts, et que lorsqu’on est malade, on va chez un médecin que l’on
rémunère pour ses services. Il ne viendrait à personne l’idée de décla-
rer que les infirmières devraient exercer leurs fonctions de manière
gratuite et désintéressée – bien que sur ce point, l’activité du personnel
soignant semble inconsciemment perçue comme relevant de la sphère
de la solidarité et en pâtisse, tandis que l’expertise des médecins est
plus explicitement reconnue comme professionnelle et monnayable.
Le corps social aussi a des besoins, une santé à protéger, une vitalité
à entretenir. Et pourtant les « professionnels » du social sont rares,
peu ou mal payés, implicitement comparés aux bénévoles qui au fond
feraient lamême chosemais gratuitement, ce qui aurait plus de vertu et
de beauté. Le champ de l’action sociale est étouffé par la valeur prêtée
aux
intentions
et le peu d’attention accordé aux
résultats
, à l’impact
social effectif des actions menées, des efforts consentis. C’est toute
une culture de la solidarité qu’il faudrait renouveler pour prendre soin
du vivre-ensemble comme il convient et à la hauteur de ses besoins.
À l’heure actuelle, le processus de réalisation d’un projet à vocation
sociale est trop souvent le suivant : une association élabore un budget
pour la réalisation d’un plan d’action. Le projet est soumis à différentes
sources de financement – autres associations, fondations, subventions
d’État. Les financeurs choisissent les projets en fonction de l’attractivité
de leur promesse – une attractivité qui peut dépendre de facteurs mul-
tiples, mais souvent sans lien exclusif ni même privilégié avec l’efficacité
supposée du projet. Ainsi un « beau » projet peut-il voir le jour, séduire
et trouver un financement, être mis à exécution, et n’avoir finalement
qu’un résultat faible, discutable, parfois même négatif, et la plupart
du temps tout simplement inconnu, parce qu’il ne fait pas l’objet d’une
évaluation et que celle-ci n’aurait de toute façon aucun impact sur un
financement intervenu en amont. Alors que faire ?