Cahier numéro 1 - page 70

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Pour orienter le débat vers des perspectives plus optimistes, en
prenant comme point de départ la problématique de l’évolution histo-
rique des formes musicales et de l’avenir du répertoire symphonique,
il convient de se livrer à une observation des modes de diffusion
élargie à l’échelle planétaire. Elle montre que ce patrimoine représente
toujours une référence génératrice de sens, à condition de mieux
l’interroger, de souligner les lignes de rupture et les continuités, de
le confronter aux expressions actuelles et de réfléchir à la manière de
susciter des croisées inattendues et une écoute inventive. Tels sont
les enjeux des mutations qui s’opèrent dans de grandes métropoles,
conduisant à la conception d’équipements publics le plus souvent
installés dans des zones urbaines mixtes où se côtoient des popu-
lations appartenant à des milieux sociaux diversifiés. Les missions
de diffusion y sont confrontées à des démarches de transmission
en direction des jeunes et la programmation associe des époques
et des formes variées.
Il devient urgent en France, en conjuguant l’effort de l’État et des
collectivités territoriales, de s’inscrire plus délibérément dans ce
mouvement et de se fixer comme objectif de combattre les hiérarchies
artificielles entre les genres musicaux, les publics et les territoires, en
cherchant par exemple à rénover les habitudes de consommation et
le rituel du concert, à mieux soutenir la pratique amateur, à faire de
l’éducation musicale pour les jeunes une priorité et à partager des
enjeux artistiques avec d’autres cultures.
Pour ne prendre que l’exemple parisien, l’offre de concerts dits de
prestige est actuellement concentrée sur la Salle Pleyel et le Théâtre
des Champs-Élysées, tous deux situés dans le même arrondissement
privilégié de Paris. Ces lieux n’ont pas le volume requis pour le grand
orchestre et ne constituent pas une référence internationale en termes
de qualité acoustique. Les formations professionnelles n’y préparent pas
leurs concerts dans des conditions satisfaisantes, du fait de l’absence
de salles de répétition. De plus, aucun développement éducatif n’y
est possible, faute d’espace adapté aux activités pour les jeunes, aux
conférences voire à l’écoute d’archives. Enfin, leur jauge limitée condi-
tionne des prix de places plus élevés que la moyenne européenne, ce
qui rend vaine toute velléité de démocratisation.
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